En haut tous sont trempés, il y a des rafales de vent, au point de se les geler. L'abri de fortune du Col est occupé par des jeunes Français mal éduqués, qui le prennent pour leur maison privée et ont étalé leur brol partout. On se force quand-même de la place pour grignoter une barre de céréales à l'abri du vent avant de continuer vers le Col de la Croix du Bonhomme, 150m plus haut.

En photo, la borne Michelin du Col du Bonhomme. Voir plus bas pour plus d'infos.

On n'y croyait plus, mais au-dessus du Col de la Croix du Bonhomme, c'est en effet le soleil qui resort un peu de derrière les nuages! Mais l'éclaircie ne dure pas, arrivé au Col des Fours à 2665m c'est le vent qui domine, donc trop froid pour s'arrêter, et on engage la descente vers la Ville des Glaciers. C'est une variante du Tour du Mont Blanc, qui permet de raccourcir un peu au prix d'une descente indiquée difficile.

Notre éclaireur Bob s'est trompé de chemin en route, nous avons donc évité une partie difficile au prix de beaucoups de lacets de chemin agricole. Après une descente interminable, même les plus lents arrivent à destination, au Chalet-Refuge des Mottets, notre escale de ce soir. Dortoir classique pour nous, pas la chambre individuelle de luxe à 200€ par personne par nuit. Nous voilà au réfectoire en attendant la soupe de 19h. Ca peut être long quand on arrive à 14h30....

La borne Michelin et le projet de la RN202

L'histoire qui suit aurait été du goût de Claude... C'est donc encore en sa mémoire que je vous la raconte.

La société Michelin sous l'impulsion de son patron André Michelin a commencé en 1910 à produire des panneuax de signalisation en béton avec une plaque émaillée pour les inscriptions. Des panneaux de ce type ont par exemple été offerts aux communes pour signaler l'entrée dans la commune. A partir de 1918, c'est des bornes d'intersection qui suivent, chacune portant inscription de son sponsors en haut. On y retrouve souvent le Touring-Club de France (TCF) ou Michelin lui-même.

Il semblerait que Michelin se soit aussi un peu égaré des routes en plaçant une de ses bornes ici au Col du Bonhomme. Selon certaines sources ces bornes touristiques auraient été installées entre 1930 et la 2ème guerre, sans doute pour encourager le tourisme en voiture et ainsi augmenter les ventes de pneus. Bonne idée somme toute, bien que difficile de faire le lien entre ces bornes de haute montagne, inaccessibles en voiture, et la vente de pneus. Il est difficile de trouver plus d'infos sur ces bornes, j'aurait bien voulu vous documenter d'avantage.

Par contre j'ai entre temps trouvé une piste, pour ainsi dire: sur les cartes Open Streetmap, le chemin au col est appelé "Ancienne Route Nationale 202". Étrange, car il n'y a point de chemin carossable ici sur le col. Plus de recherches montrent que la Nationale 202, encore appelée "Route des Grandes Alpes", grand axe entre le Lac Léman et Nice et dessiné à partir de 1909 par la Touring Club de France, devait passer ici. En effet le tracé depuis le départ à Thonon retrouve Les Containes-Montjoie, et devait ensuite monter nos cols bien connus pour descendre de l'autre côté dans le Beaufortain et vers Bourg St. Maurice. Mais cette partie de la RN202 est resté inachevée, bien que des travaux avaient été engagés. On retrouve ainsi du côté de Chapieux, au-dessus du Cormet de Roselend, un tunnel à l'abandon. Est-ce que ce projet de route serait à l'origine du placement de la borne au Col du Bonhomme?

Quelques liens:

• Discussions des tracés de la RN202 au Col du Bonhomme
• La Route des Grandes Alpes
• BnF: Aux origines de la route des Grandes Alpes

22 ans, jour pour jour

Aujourd'hui on fera juste un clin d'oeil à Claude, qui dans la descente vers la Ville des Glaciers, n'avait pas pu s'empècher de goûter aux myrtilles abondantes à cet endroit. Pit en a cherché quelques-unes aussi, mais le temps ne se prêtait pas du tout à une halte prolongée. Dommage.

Le parcours