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Les LANNERS meuniers De Théodore Lanners, bâtisseur de la Kéiermillen (Kehrmühle, Köhrmühle) à Hoscheid en 1798 jusqu'à Alexis Lanners, dernier meunier du moulin de Syr (Surré) décédé en 2005, cette branche de la famille est restée fidèle à la profession pendant deux siècles en faisant tourner plus d'une douzaine de moulins dans le nord du pays et dans les communes voisines de la Belgique. La première génération : Théodore Lanners Pendant des siècles, les habitants de Hoscheid étaient obligés de faire moudre leur blé au moulin de ban de la seigneurie de Bourscheid, le moulin de Bourscheid. Cette condition de « bannis » assurait au seigneur un revenu confortable et astreignait ses sujets de plus à l'entretien du moulin. Le passage au moulin était fort pénible en raison de la grande distance de 7 km par Lipperscheid sur chemin empierré et la dénivellation importante de 260 m au retour. La révolution française emporta le régime féodal et l'arrivée des troupes françaises au Luxembourg en 1795 mit également fin aux obligations de ban. Cette nouvelle donne, ensemble avec la nécessité de trouver pour Hoscheid, situé sur les hauteurs, une installation de mouture proche et facile d'accès, amena sans doute Théodore Lanners à solliciter dès 1796 l'autorisation de construire un moulin dans la vallée de la Blees, sur le chemin entre Hoscheid et Merscheid où il possédait un terrain au lieu-dit Kehrberg. Le nouvel entrepreneur s'assura pour son initiative de l'appui des habitants des villages environnants, Hoscheid, Merscheid et Weiler, en même temps clients potentiels, et l'autorisation fut accordée par l'administration centrale à Luxembourg le 26 Nivôse An V (26 décembre 1796). La construction du moulin n'était pas une mince affaire et Théodore Lanners a sans doute dû recourir à des spécialistes pour le captage des eaux de la Blees (barrage et canal d'amenée des eaux) et l'équipement (roue à aubes, mécanique et meules). L'autorisation exigeait d'ailleurs la présence d'un architecte qui était censé faire rapport à l'administration centrale à Luxembourg. Théodore Lanners est originaire de la maison « Heintges » de Hoscheid, une des voueries où nous retrouvons des Lanners. Il est un descendant de Lannersch Klesgen et de Catrein Hoof qui font baptiser leur fils Hans Jacob (Jean Jacques) le 30 mars 1679 à Holzthum. Jean Jacques épouse Angèle de la ferme Carigers à Hoscheid et le couple a 6 enfants dont le dernier, Théodore, est né vers 1718. Théodore épouse le 8 février 1739 à Hoscheid Anne Marie Peiffer de la vouerie du même nom (Peiffesch Vogtei). Le couple a 13 enfants, dont Philippe né vers 1743. Philippe épouse vers 1775 Anne Marguerite Meysch ou Heintges et leur premier enfant Théodore naît le 26 février 1776 à Hoscheid. Un double mariage curieux est célébré le 1er mars 1791 à Hoscheid. Anne Marguerite Meisch, veuve de Philippe Lanners décédé le 12 mars 1790, épouse en secondes noces Henri Schaeffer de Merscheid/Heiderscheid. En même temps son fils Théodore , âgé tout juste de 15 ans, s'unit à Marguerite Schaeffer, sœur de Henri. L'âge inhabituel du jeune marié est-il correct? Il semble que oui, les indications d'âge de l'acte de naissance et de l'acte de décès étant consistantes, tout comme celles de l'acte de son deuxième mariage avec Antoinette Wathier en 1813. Curieux double ménage donc sous un toit dans lequel la mère et le fils sont en même temps beau-frère et belle-sœur et que les enfants d'un même âge sont oncle et neveu ! Se marier à 15 ans et se lancer dans la construction d'un moulin à 22 témoignent sans doute d'une forte personnalité et d'un esprit d'entreprise peu commun dans le chef de Théodore Lanners. Malheureusement il ne saura exercer ses talents longtemps, car il meurt à 37 ans le 10 avril 1814 à la Kehrmühle. Son épouse Marguerite Schaeffer était déjà décédée le 2 mai 1812. Théodore Lanners a contracté mariage une deuxième fois le 18 janvier 1813 avec Antoinette Wathier de Weiler-Putscheid. Le couple Théodore Lanners-Marguerite Schaeffer aura 8 enfants dont nous savons que 5 ont atteint l'âge adulte : - Jean Nicolas Lanners naît le 24 novembre 1793 à la Kéiermillen.
- Nicolas Lanners, qui continuera la lignée des Lanners meuniers et dont il sera question plus loin, naît le 9 avril 1802.
- Jacques Lanners naît le 23.1.1805. Sa trace a été retrouvée en 2009 à Massieux dans l’Ain.
- Anne Marguerite est née le 21 mai 1807 et épousera Jacques Bock de Diekirch, cultivateur et en 1843 cabaretier à Hoscheid.
- Marie naît le 11 juillet 1809. Elle épousera Mathias Zeig de Kaundorf où elle passera sa vie.
Après le décès de Marguerite Schaeffer le 2 mai 1812 à la Kéiermillen, Théodore épouse en deuxièmes noces le 18 janvier 1813 Antoinette Wathier. Un fils Gérard naît le 27 décembre 1813. Moins de quatre mois plus tard, le « Kéiermëller » Théodore Lanners meurt à son tour le 10 avril 1814 à l'âge de seulement 37 ans. A ce moment l'aîné de ses fils, Jean Nicolas, a 20 ans et peut donc assumer l'exploitation du moulin. La 2e génération : 1. Jean Nicolas Lanners à la Kéiermillen Il épouse le 9 mai 1816 à Hoscheid Anne Marie Noesser de Grosbous et le couple aura 5 enfants. Jean Nicolas gère le moulin pendant près d'un demi-siècle, de 1814 à 1862. Son beau-fils Philippe Waxweiler, époux de sa fille Marguerite, fils des époux Waxweiler, eux-mêmes meuniers à Wallendorf, était meunier à la Kéiermillen pendant quelques années. Jean Nicolas avait 64 ans lorsqu'il se proposa d'arrêter son activité de meunier. Aucun de ses quatre enfants survivants du 1er mariage n'était apparemment prêt à prendre la succession au moulin. Pourtant il y avait un candidat potentiel dans la personne de son beau-fils Philippe Waxweiler, l'époux de Marguerite née en 1823, qui faisait tourner le moulin pendant un certain temps. La trace de cette famille se perd après la naissance du 3e enfant Pierre en 1851 à la Kéiermillen. La Kéiermillen, berceau des Lanners meuniers Situé dans la vallée de la Blees au Nord-Est de Hoscheid, on accède au moulin à partir de la route du Nord à l'endroit signalé par un panneau, sur la route menant à Merscheid. Le choix du site a évidemment été motivé par la présence d'une force motrice hydraulique fournie par le ruisseau. La Blees collecte quelques filets d'eau au Sud de la Wahlhausener Dickt à une altitude de 500 m et atteint la Kéiermillen après un cours de 3 km et une chute de 80 m. Le bassin versant de 5 km2 n'offrait évidemment qu'une ressource énergétique modeste, mais apparemment suffisante pour les besoins de mouture locaux. Dans le relevé cadastral de 1824 la Kéiermillen figure sous la matricule 1863 de la commune de Hoscheid, au nom de Lanners Jean Nicolas, meunier, Kehrmühle, avec une superficie de 1,77 a. En 1858 Jean Nicolas Lanners mettait une première fois en vente le moulin, mais ce n'est qu'à la suite d'enchères le 18 mars 1862 que Georges Hosinger de Merscheid en fit l'acquisition pour une somme de 13.500 francs. Jean Nicolas quitta le moulin avec sa famille pour s'installer à Baschleiden où il se dit rentier à la naissance de sa fille Catherine issue d'un 2e mariage avec Catherine Bettel en 1859. Il s'éteindra à Baschleiden en 1867. En 2009 la Kéiermillen appartient à la famille Faust-Wilbers qui y exploite notamment un élevage de chevaux. | Kéiermillen vers 1950 E. Erpelding, Die Mühlen des Luxemburger Landes | | Kéiermillen en été 2009 Photo Claude Lanners 7265 | La 2ème génération : 2. Nicolas Lanners le meunier itinérant Nicolas Lanners naît le 9 avril 1802 à la Kéiermillen comme 5ème enfant des époux Théodore Lanners et Marguerite Schaeffer. Deuxième fils survivant (un fils aîné Michel est décédé en 1801), il apprend tout naturellement le métier de meunier. Le 18 mars 1829 il épouse à Wahl Catherine Henckels, née le 5 novembre 1799 à Buschrodt. Au moment du mariage, Nicolas est encore domicilié à la Kéiermillen, mais le jeune couple semble s'être installé à Buschrodt (auprès des beaux-parents ?) puisque le 1er enfant naît et meurt le 9 juin 1830 à Buschrodt. 6 enfants naîtront ensuite à Grümelscheidermühle/Winseler, Buschrodt, Mertzig, Kautenbach, dont 4 au moins mourront en bas âge. Le dernier, François, voit le jour le 28 avril 1840 à Esch-sur-Sûre. Sa mère meurt le lendemain. 7 naissances et 5 décès avec 6 déménagements en 10 ans, le couple n'avait manifestement pas eu la vie facile avant la séparation brutale. Le 1er septembre 1841, Nicolas Lanners épouse à Winseler en secondes noces Barbe Zwohlen (Zahlen) née le 11 février 1815 à Obermertzig. Sept enfants naîtront de ce mariage entre 1842 et 1856 à Kautenbach, Weidingen, Michamps-Longvilly (2 localités situées en Belgique à proximité du Grand-Duché) et Winseler, dont Jean le 5 octobre 1842 et Alex le 29 août1849 qui continueront la tradition meunière. Les lieux de naissance et de décès des enfants permettent de reconstituer l'itinéraire pour ne pas dire l'errance de Nicolas et de sa famille : 1830 : | Buschrodt, Wahl | 1832-34 : | Grümelscheidermühle, Winseler | 1837-38 : | Buschrodt,Wahl | 1839 : | Mertzig, Kautenbach | 1840 : | Esch-sur-Sûre | 1841 : | Grümelscheidermühle, Winseler | 1842 : | Kautenbach | 1845-47 : | Weidingen, Wiltz | 1849-54 : | Michamps-Longvilly | 1855 : | Grümelscheidermühle, Winseler | 1856 : | Hüttermühle près de Sonlez, Winseler | 1863 : | Givry, Flamierge, 10 km au NO de Bastogne. | Les changements de domicile s'expliquent par le fait que Nicolas n'était pas propriétaire d'un moulin, mais seulement locataire avec un bail à durée limitée. N'empêche que les déménagements très fréquents posent question : concurrence entre meuniers, loyer trop élevé et donc revenu trop faible ? Même sur la fin de sa vie, Nicolas change encore de moulin (ou au moins de résidence) puisqu'il meurt le 30 juillet 1863 à Givry, dans la commune de Flamierge, aujourd'hui commune de Bertogne, à 10 km au NO de Bastogne. Des 7 enfants du couple Nicolas Lanners-Barbe Zwohlen, 4 sont décédés en bas âge. Nous ne connaissons pas le sort d'une fille Marie née en 1856. Les 2 fils survivants Jean et Alexis seront meuniers comme leurs père et grand-père. La 2ème génération : 3. Jacques Lanners le meunier émigré Jacques Lanners naît le 23.1.1805 à la Kéiermillen. C’était le seul des 8 enfants dont une date de décès n’était pas connue. Et pour cause, car en 2009 l’auteur a pu trouver grâce à Geneanet sa trace à Massieux dans l’Ain, une localité située près de la Saône à 30 km au Nord de Lyon et donc à 550 km de Hoscheid. En 1839, un Jacques Lanners, 34, meunier, y déclare son fils Joseph né de lui et de son épouse Catherine Ray. Même en l’absence d’acte de mariage qui aurait éliminé tout doute, on peut affirmer qu’il s’agit du fils du fondateur de la Kéiermillen. En 1837, une fille Marie était née. Or, en 1855 naît à Lyon Jacques Lanners, fils de Marie Lanners. Tant la proximité de Massieux de Lyon que le prénom Jacques font supposer qu’il s’agit de la même famille. Entretemps le mariage de Marie le 6.10.1856 à Massieux avec François Genevais a pu être trouvé dans les archives numérisées en ligne de l’Ain. Cet acte confirme la parenté de Jacques Lanners qui est décédé le 21.5.1847 à Neuville-sur-Saône. La 3ème génération : Jean et Alexis Lanners les meuniers sédentaires Jean Lanners né le 5 octobre 1842 à Kautenbach épouse en 1870 à Winseler Anne Catherine Lorentz née le 16 octobre 1841 à Insenborn. Le couple aura 9 enfants, dont deux fils regagneront la fonction publique : Jean Nicolas sera cantonnier et Alex douanier. Après un passage à la Grümelscheidermühle à Winseler et à Insenborn, Jean Lanners fait vers 1885 l'acquisition de la Gefaachmillen située sur la Sûre en aval de Kaundorf. Le débit de la Sûre permet le fonctionnement du moulin avec 2 roues à aubes et donne au moulin une capacité de mouture de 10 quintaux par jour. Le fils cadet Pierre né le 2 novembre 1885 à la Gefaachmillen continuera l'activité du moulin jusqu'à sa mort en 1947. Le moulin disparaîtra dans le lac de la Haute Sûre après la construction du barrage d'Esch-sur-Sûre en 1961. Alexis (Alex, Alexandre) Lanners est né le 29 août 1849 à Michamps-Longvilly dans la région frontalière belge près de Oberwampach. Il épouse le 26 septembre 1877 à Winseler Barbe Frank (Franck), née le 10 octobre 1852 à Doncols. Le couple aura 9 enfants, dont Firmin et Emile. Installés d'abord au moulin de Soller (Sonlez, Winseler) dont ils étaient propriétaires en 1878 suivant Emile Erpelding, les époux Lanners-Franck achètent en 1883 le moulin de Syr (Surré, Boulaide) qui restera dans la propriété de la famille jusqu'à nos jours. Alexis décède le 14 septembre 1928 au moulin de Syr. Suivant Jim Heckenbach, la famille a séjourné à partir de 1879 au moulin de Boulaide à la demande d'Anne Marie Schleich, veuve de Jean Pierre Spartz qui était mort en 1878 sous son chariot renversé. Cette information est confirmée par la naissance du 2e enfant du couple, Henri, à Boulaide-Moulin en 1881. La 4e génération : Firmin et Emile Lanners Firmin naît le 15 octobre 1878 alors que la famille réside encore à Sonlez. Il épouse à 53 ans le 13 février 1931 à Boulaide Anne Greiveldinger, née le 6 août 1881 à Surré. Le couple reste sans enfants. Firmin meurt le 23 septembre 1957 à Syr. Emile naît le 10 mai 1892 à Syr et prend pour épouse le 19 janvier 1919 Françoise Rosseljong, née à Arsdorf le 29 juillet 1901. Il décède le 19 juin 1966 à Syr. Le couple aura deux fils, Aloyse qui meurt peu après la naissance en 1920 et Alexis. Les deux frères ont repris ensemble la propriété familiale en partageant les responsabilités : Firmin habita et fit tourner le moulin, tandis qu'Emile s'occupa de l'exploitation agricole et tenait une auberge près de l'église. La 5e génération: Alexis Lanners le dernier meunier Alexis Lanners naît le 23 janvier 1931 à Surré. Il reprend le moulin de son oncle Firmin et également l'exploitation agricole avec le bistrot de son père. Le 14 juillet 1967 Alexis épouse à Boulaide Mathilde Kandel, née le 11 août 1940 à Luxembourg et le couple a quatre enfants, Marianne, Romain, Chantal et Tanja. Alexis est le dernier meunier de la famille Lanners et en même temps le dernier meunier artisanal de l'Oesling et probablement du pays. Il continue à faire fonctionner le moulin, jusqu'en 1999. Alexis décède le 24 mars 2005 à Syr. Avec lui s'éteint la tradition meunière qui avait commencé en 1798 à la Kéiermillen à Hoscheid. Le moulin de Syr, étape finale des Lanners meuniers Les origines du moulin de Syr semblent remonter au 15e siècle, l'année 1761 gravée sur l'entrée faisant référence à une transformation ou à un agrandissement. A l'origine, c'était un moulin domanial (Bannmühle), avec obligation pour les paysans de la localité d'y faire moudre leur blé contre une quote-part laissée au seigneur. En 1786, les habitants de Syr s'étaient libérés de ce joug en rachetant le moulin. Il changea plusieurs fois de propriétaire pour passer aux mains de la famille Alexandre Lanners-Barbe Franck en 1883. La force motrice était fournie par la Syrbaach qui se jette dans la Sûre peu avant le moulin de Boulaide. Le moulin fut modernisé en 1928 avec le remplacement des meules en pierre par un équipement à cylindres en acier. Une nouvelle roue à aubes de 3,50 m de diamètre fut installée et couplée à une génératrice pour fournir de l'électricité au moulin et à la ferme d'Emile. Pour élargir la base économique du moulin, dont la production était fort limitée par le débit modeste de la Syr, le commerce de farine , de céréales et d'aliments pour bétail fut ajouté à partir de 1928 et le mode de transport des produits converti du chariot d'antan au camion. En 1952 la production de farine fut arrêtée. Mais le petit moulin ne voulait point mourir et en 1962 la roue à aubes qui se désintégrait fut remplacée par une turbine d'occasion. A la même époque l'équipement pour la production de farine fut enlevé et l'activité du moulin, qui fut géré entretemps par Alexis Lanners, se limita à l'écrasement de céréales pour l'alimentation du bétail. Aujourd'hui le moulin appartient aux enfants d'Alexis qui sont à la recherche d'une solution pour conserver ce patrimoine artisanal typique. | Bannmühle Syr 1974, E. Erpelding, Mühlen Photo: Roger Christophe, Film scolaire | | Alexis Lanners sur le pas de la porte du moulin vers 1996 Photo: Georges Hausemer, Luxemburg kulinarisch | Sources : - Archives Nationales, Luxembourg
- Emile Erpelding, Die Kehrmühle bei Hoscheid, 100e Anniversaire Sapeurs Pompiers Hoscheid 1987
- Emile Erpelding, Die Mühlen des Luxemburger Landes
- Bauschelt, Baschelt, Syr vu gëscht bis haut, Fanfare Concordia Boulaide 1989
- Georges Hausemer, Luxemburg kulinarisch
- Site Jim Heckenbach http://www.heckenbach.org/mill.html
- Site Sonja Wilbers http://www.kehrmuehle.info/
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